Étalement des vêlages Comment linéariser la production de lait sur l’année ?
Linéariser la production de lait implique de répartir les vêlages d’une manière plus homogène sur l’année et notamment sur le printemps. Quelles seront les conséquences sur la conduite des génisses et des multipares ainsi que sur les aspects de travail ? Les réponses du BTPL.
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Dans les situations fréquemment rencontrées, le nombre de vêlages sur le deuxième semestre (juillet à décembre) est supérieur à celui des naissances sur les six premiers mois de l’année (janvier à juin), ce qui provoque une baisse des livraisons de lait durant l’été. Pour linéariser la production laitière sur l’année, deux points clés sont à retenir : la conduite de la reproduction des génisses et celle des vaches en période de pâturage. En effet, il faut pouvoir inséminer des génisses lorsqu’elles sont en pâture et maintenir, pour les laitières, une alimentation au pâturage permettant une production laitière suffisante. Étaler les vêlages demande aussi de bien surveiller l’alimentation des vaches taries au printemps et celle des génisses à l’intérieur de lots parfois hétérogènes.
Mais une fois ces conditions maîtrisées, les éleveurs tirent un certain nombre d’avantages de cette pratique :
- Production plus régulière.
- Facilité de prévoir le lait qui sera produit (gestion de la référence).
- Taux protéique et de matière grasse soumis à moins de variations.
- Moins de montées des taux leucocytaires à certaines périodes.
- Organisation du travail plus facile.
- Régularité du travail sur l’année.
- Surveillance des vêlages plus régulière, moins de périodes de pointe et de périodes creuses. Salon chaque situation, cela peut aussi être un inconvénient.
- Avantage financier.
- En trésorerie, la plus grande régularité des recettes est bien appréciée.
- Veaux et jeunes bovins vendus quand ils sont plus chers.
- Perception des différentes primes de régularité ou de saisonnalité et avantages liés au lait de juillet à octobre.
- Utilisation optimale des installations.
- toujours assez de veaux pour boire le lait à cellules, mais jamais de surpopulation dans les nurseries. Par contre, il est plus difficile de faire un vide sanitaire annuel de la nurserie.
- Utilisation optimale des équipements de traite et du logement (nombre de vaches traites sensiblement constant).
Equilibrer les vêlages par périodes de 4 mois
Il n’est pas nécessaire d’obtenir un nombre égal de vêlages chaque mois, ce qui serait d’ailleurs quasiment impossible à tenir sur la durée, et ne garantirait pas d’avoir une courbe plate, à cause de l’effet saison. Par contre, réussir à avoir à peu près autant de vêlages sur chaque période de quatre mois consécutifs, est souvent suffisant pour avoir une courbe des livraisons bien aplatie.
Une différence sensible avec la situation la plus fréquemment rencontrée, où le nombre de vêlages sur le 2e semestre est nettement supérieur à celui des premiers 6 mois.
Ci-dessous, deux exemples réels d’élevages sur 2 ans : la courbe bleue représente la situation en année 1 et les colonnes en année 2. A gauche, un élevage en vêlages d'été-automne, à droite un élevage plus linéaire.
Conduite de la reproduction des génisses au premier vêlage
Pour parvenir à linéariser la production, il est utile d’avoir au moins deux périodes de vêlage pour les primipares. Par rapport aux besoins de la collecte, il convient d’éviter des vêlages d’hiver qui amèneraient des animaux au pic de lactation au printemps, quand il y a déjà trop de lait, alors qu' il est souhaitable d’en avoir plus pour faire du lait à la période creuse, de fin juillet à octobre. Il faut donc réduire le nombre de vêlages de primipares fréquemment groupés en fin d’été et en programmer dans le printemps.
Le traditionnel décalage des vêlages successifs dans la carrière des vaches se charge ensuite de répartir les vêlages dans l’année (intervalles moyens vêlage-vêlage souvent au-delà de 400 j et jusque 550 jours). Bien sûr, plus le taux de renouvellement est fort, plus l’impact des multipares en décalage avec les génisses est faible, et il peut être nécessaire de répartir les vêlages de primipares en trois périodes, voire plus étalés encore, comme certains éleveurs le font.
La question pratique à régler est de gérer des inséminations de nullipares en période de pâturage. L’insémination au parc est possible, mais demande souvent à équiper la parcelle d’un couloir de contention, ou d’une auge ou râtelier avec cornadis. La surveillance des chaleurs est handicapée par l’éloignement de la parcelle, et il est utile d’habituer les génisses au matériel utilisé. L’avantage est de conserver le pâturage. L’autre solution, plus fréquemment rencontrée, est de rentrer temporairement les génisses à inséminer au bâtiment. Compter environ deux mois de présence, avec ou sans groupage des chaleurs, pour habituer les génisses à la ration, les surveiller, inséminer, vérifier.
Conduite des vaches en période de pâturage
La conséquence directe de l’étalement des vêlages, c’est qu’à tout moment de l’année, des vaches fraîches vêlées sont présentes dans le troupeau. Pour éviter de les malmener, leur ration doit adaptée à leurs besoins, ce qui n’est pas toujours le cas, ailleurs, quand il s’agit d’une vache ou deux décalées des autres. Cette exigence n’interdit pas du tout le pâturage, mais demande un niveau de qualité sans défaillance.
D’un autre côté, la répartition des vêlages supprime les périodes où le gros du troupeau est en début de lactation avec un apport élevé en concentrés. La ration est plus constante sur l’année, avec au total peu ou pas de fourrages conservés supplémentaires au détriment du pâturage (tout dépend de la situation de départ).
Une autre conséquence, c’est la surveillance des vaches en chaleur : inséminer tout au long de l’année signifie qu’il n’y a pas de période de « relâche » pour l’observation des animaux.
Les équipements de surveillance aident bien (colliers, caméras, podomètres…). Dans de nombreux cas, la transmission des informations est capitale, entre les différentes personnes qui observent et celle qui décide des inséminations, mais qui peut être occupée aux travaux des champs.
Mise à part la répartition des vêlages, d’autres leviers aux actions limitées peuvent participer à la régularité de la production, en été notamment :
- L’abreuvement au pâturage, afin que les vaches n’aient pas plus de 150 m à parcourir jusqu’au point d’eau (le lait est constitué à 90 % d’eau !!)
- Les conditions de couchage pendant les fortes chaleurs : en tas sous l’unique arbre d’une parcelle, ou dans un bâtiment mal ventilé… il est possible de faire mieux !
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